Le Riba

Le Riba se définit de façon générale comme étant le commerce de l’argent, et dans le cas particulier des prêts avec intérêts, je vous avais dit dans mon premier article que Dieu ne les interdisait pas, mais une fois de plus, la vérité se trouve à mi-chemin, à savoir que Dieu n’interdit effectivement pas de souscrire soi-même à un prêt avec intérêt, mais interdit cependant d’en être l’émetteur.

On en a clairement la preuve dans le Coran étant donné que tous les versets qui traitent de Riba condamnent le fait d’en être l’émetteur, sans pour autant interdire qu’on en soit le destinataire.

Ô les croyants ! Craignez Dieu et renoncez à ce qui vous reste de Riba, si vous êtes croyants. Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part de Dieu et de Son messager. Et si vous vous repentez, il vous restera vos capitaux, vous ne léserez ainsi personne, et vous ne serez point lésés. À celui qui est dans la gêne, accordez un sursis jusqu’à ce qu’il soit dans l’aisance. Mais il est mieux pour vous de faire remise de la dette par charité ! Si seulement vous saviez ! Et craignez le jour où vous serez ramenés vers Dieu, quand chaque âme sera pleinement rétribuée de ce qu’elle aura acquis. Et ils ne seront point lésés. S2:V278-281

Et, tout ce que vous investissez en Riba pour accroître vos biens aux dépens des biens d’autrui, ne les accroîtront pas auprès de Dieu. Tandis que ce que vous dépensez en Zakat, à la recherche de la Face de Dieu, sera multiplié en votre faveur. S30:V39

Ô vous qui avez cru ! Ne pratiquez pas le Riba en cherchant à multiplier démesurément votre capital. Et craignez Dieu, peut-être réussiriez-vous ! S3:V130

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Dieu autorise le commerce de marchandises, mais interdit le commerce de l’argent, à savoir le Riba, et on sait tous aujourd’hui que le milieu de la finance n’a strictement rien à voir avec celui du l’entreprenariat. En effet, l’un repose sur la production concrète de richesses, alors que l’autre consiste simplement à faire de l’argent avec de l’argent, sans aucune production de richesse au passage. C’est pourquoi Dieu autorise le commerce sous toutes ses formes et interdit le Riba sous toutes ses formes.

Ceux qui consomment le Riba ne se tiendront [au jour du Jugement Dernier] que comme se tient celui qui est excité par le toucher du Diable. Ceci, parce qu’ils disent: «Le commerce c’est la même chose que le Riba ». Or, Dieu a autorisé le commerce, et interdit le Riba. Celui, donc, qui cesse dès que lui est venue une exhortation de son Seigneur, peut conserver ce qu’il a acquis auparavant, et son affaire dépend de Dieu. Mais quiconque récidive… alors les voilà, les gens du Feu ! Ils y demeureront éternellement. S2:V275

“Riba” signifie étymologiquement “ce qui croît” et ne s’applique donc pas seulement au crédit avec intérêt, mais plus généralement à tout ce qui croît tel un cancer dans l’argent des autres, pour dévorer toutes leurs richesses et en fin de compte les laisser sans rien. Le Riba est la pratique qui consiste à faire de l’argent avec de l’argent, sans que cela ne soit accompagné d’une vraie production de richesse. Je vous donne un exemple tout simple: acheter une action chez Renault est du Riba, car il n’y a aucune production concrète de richesse derrière, alors qu’acheter une voiture chez Renault permet bien de créer de la richesse, étant donné que cette transaction permet la production d’un objet réel qui a une vraie utilité pour la société, en l’occurrence une voiture. Le Riba consiste ni plus ni moins qu’à s’accaparer d’une partie du bénéfice du travail des gens, sans rien apporter en contrepartie. Poussé à l’extrême comme cela est le cas aujourd’hui, ceux qui s’adonnent à cette pratique odieuse s’accaparent même la plus grosse part du gâteau, laissant les vrais producteurs de richesses quasiment travailler pour rien. Dieu n’interdit que ce qui est mal et autorise tout ce qui est bien, c’est pourquoi Il interdit cette pratique perverse et nocive pour les hommes qu’est le Riba, car faire de l’argent avec de l’argent nuit à la société toute entière, y compris à ceux qui s’y adonnent, car cela crée plus de pauvreté et d’inégalités dans le monde, et développe chez les gens le matérialisme et la cupidité, ce qui a pour résultat de les éloigner de Dieu et de les mener tout droit en Enfer. 

Pour ceux qui veulent vraiment faire fructifier les richesses que Dieu leur a données, Dieu leur préconise plutôt la charité. 

Dieu annihile le Riba et fructifie les aumônes, et Dieu n’aime pas tout grand négateur, pécheur. S2:V276

En effet, ceux qui donnent de leur argent pour la cause de Dieu se verront gagnants aussi bien dans ce monde ici-bas que dans l’au-delà. Car, non seulement Dieu bénira tout ce qu’ils possèdent de sorte à ce que leurs richesses leur sembleront extensibles et qu’ils auront sans cesse de nouvelles entrées d’argent et des dépenses en moins qu’ils n’avaient pas prévues, mais en plus de cela, ils retrouveront tout ce qu’ils ont investi présent auprès de Dieu dans l’au-delà, et cela, multiplié par centaines.

Ceux qui dépensent leurs richesses dans le sentier de Dieu sont semblables à un grain qui produit sept épis, chaque épi portant cent grains. Et, Dieu multiplie la récompense de celui qu’Il veut, et Dieu est plein de largesses et est le Connaisseur de toute chose. S2:V261

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Ce que Dieu condamne dans le Riba c’est le fait de multiplier son capital de manière disproportionnée sans aucun lien avec une quelconque production de richesse et sans fournir le moindre effort, ce qui n’est absolument pas le cas du commerce.

Ô vous qui avez cru ! Ne pratiquez pas le Riba en cherchant à multiplier démesurément votre capital. Et craignez Dieu, peut-être réussiriez-vous ! S3:V130

En effet, nous savons désormais tous comment ce système capitaliste pervers basé sur la finance avantage outrageusement la petite poignée d’hommes qui disposent aujourd’hui des plus grosses fortunes, et cela, au détriment des gens du monde entier. Ceux qui bâtissent leur fortune sur la finance, leur fortune ne leur profitera ni dans ce monde ni dans l’au-delà, tandis que ceux qui donnent de leur argent en Zakat pour la face de Dieu, ceux-là en tireront les bénéfices aussi bien dans cette vie présente que dans l’au-delà.

Et, tout ce que vous investissez en Riba pour accroître vos biens aux dépens des biens d’autrui, ne les accroîtront pas auprès de Dieu. Tandis que ce que vous dépensez en Zakat, à la recherche de la Face de Dieu, sera multiplié en votre faveur. S30:V39

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Ces gens qui pratiquent le Riba à outrance ont accumulé des fortunes colossales sur le dos de milliards de leurs congénères, accentuant ainsi la pauvreté partout dans le monde. Leur cupidité n’a pas de limite, sachant qu’il leur faudrait des millions de vies pour dépenser leur fortune. Mais, Dieu fait qu’ils n’en profitent pas comme ils le voudraient et que leur fortune ne soit là que pour créer chez eux davantage de souffrances.

Pris dans l’autre sens, le Coran n’interdit pas explicitement le fait de soi-même souscrire à un crédit avec intérêt, et on comprend bien pourquoi, étant donné qu’on sait bien qu’il est aujourd’hui quasiment impossible d’acquérir un bien immobilier ou d’acheter une voiture sans devoir passer par un crédit. Dieu interdit cette pratique sale qu’est le Riba aux croyants et la laisse aux criminels, de même que toutes les autres pratiques qu’Il ne cautionne pas, comme la prostitution, le commerce de l’alcool et de la drogue, et tout ce qui concerne le monde de la nuit ou qui a trait à un quelconque égarement.

Cependant, cela ne signifie pas pour autant qu’on peut abuser des crédits, car cela demeure quelque chose qu’on doit éviter autant que possible pour ne pas tomber dans le matérialisme et ne pas se mettre soi-même en péril en dépensant l’argent que l’on n’a pas, et aussi pour ne pas faire le jeu de ceux qui s’enrichissent par ce biais. Par ailleurs, on peut parfaitement comprendre qu’un établissement financier puisse exiger un taux d’intérêt lorsqu’il prête de l’argent aux gens, étant donné le risque qu’il prend, la hausse du coût de la vie, les frais administratifs, et la nécessité de devoir dégager un bénéfice.

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Conclusion

Le Coran autorise le commerce de toute marchandise, mais interdit le commerce de l’argent. Par conséquent, le croyant n’est pas autorisé à s’enrichir au moyen du Riba, à savoir de tout ce qui consiste à faire de l’argent avec de l’argent, comme les prêts avec intérêt ou toute forme de spéculation financière comme le trading, les crypto-monnaies, les actions en bourse, les paris sportifs, les loteries, etc.

Hase_Zimmermann_artikel Plutôt que d’être cupide et de chercher les gains terrestres en voulant accroître ses richesses sans limite, Dieu nous préconise plutôt de faire don de notre argent pour vaincre notre propre cupidité, et de mettre au service de sa cause les richesses qu’Il nous a données pour espérer obtenir sa satisfaction, et ainsi être gagnant aussi bien dans ce monde terrestre que dans l’au-delà.

Par ailleurs, aucun verset du Coran n’interdit formellement de souscrire à un crédit avec intérêt, et cela ne nous étonne guère, étant donné qu’il est aujourd’hui quasiment impossible de s’en passer dans la plupart des cas. Cependant, il ne faut tout de même pas en abuser pour ne pas se mettre soi-même en difficulté et pour ne pas tomber dans le matérialisme, et aussi pour ne pas favoriser en donnant le mauvais exemple cette pratique auprès des autres .