Traduction du Coran 34 (Sourate 12)
Joseph
Sourate 12
12:1 Alif, Lam, Ra. Voici les versets du Livre explicite.
12:2 Nous l’avons fait descendre sous la forme d’un Coran en langue arabe. Puissiez-vous raisonner !
12:3 Nous te racontons les meilleurs récits, par ce que Nous te révélons dans ce Coran, et qu’auparavant, tu ne connaissais pas.
12:4 Quand Joseph dit à son père : « Père, j’ai vu onze astres, de même que le soleil et la lune. Je les ai vus se prosterner devant moi. »
12:5 « Mon fils, répondit son père, ne raconte pas ton rêve à tes frères, sinon ils chercheraient à te nuire. Le Diable est pour l’homme un ennemi déclaré ! »
Les onze astres représentent ses 11 frères, et le soleil et la lune représentent son père et sa mère. Jacob savait que les frères de Joseph étaient très jaloux de lui, car il le préfère à eux, bien qu’ils soient plus nombreux et qu’ils soient ses ainés. Joseph et son petit frère, Benjamin, sont nés d’une mère différente que les neuf autres frères.
12:6 À travers ce rêve, ton Seigneur t’a élu et t’apprendra l’interprétation des rêves. Il parachèvera ainsi son bienfait sur toi et sur la famille de Jacob, tout comme Il l’avait fait auparavant avec tes ancêtres, Abraham et Isaac. Ton Seigneur est l’Omniscient, le Sage.
12:7 Il y a en Joseph et ses frères bien des enseignements, pour ceux qui interrogent.
12:8 Quand ils dirent : « Joseph et son frère sont plus chers à notre père que nous. Pourtant, nous sommes plus nombreux. Notre père a vraiment perdu la tête !
12:9 Tuons Joseph ou abandonnons-le dans une terre lointaine, ainsi, le visage de notre père se tournera à nouveau vers nous et nous connaîtrons enfin le succès. »
12:10 L’un d’eux proposa : « Ne tuez pas Joseph, mais jetez le plutôt au fond d’un puits, pour qu’une caravane le recueille, si vous êtes décidés à agir. »
12:11 Ils dirent : « Père ! Pourquoi n’es-tu pas rassuré de nous confier Joseph, alors que nous sommes plein de bonnes intentions à son égard ?
12:12 Envoie-le avec nous demain, pour qu’il puisse passer du bon temps et s’amuser. Nous te promettons que nous veillerons sur lui. »
12:13 « Cela me chagrinerait que vous l’emmeniez, leur répondit-il, et j’ai peur qu’un loup ne le dévore, dans un moment d’inattention de votre part. »
12:14 Ils le rassurèrent en lui disant : « Pour qu’un loup le dévore, alors que nous sommes aussi nombreux, il faudrait vraiment que nous soyons des incapables. »
12:15 Sur ce, ils l’emmenèrent et s’entendirent pour le jeter au fond d’un puits. Nous lui révélâmes alors ceci : « Sans qu’ils ne le réalisent, tu leur rappelleras un jour cet acte. »
12:16 Et ils se présentèrent le soir à leur père, en pleurant.
12:17 Ils dirent : « Père, pendant que nous faisions la course, nous avons laissé Joseph auprès de nos affaires, et un loup l’a dévoré. Mais, tu ne nous croiras jamais, même si nous disons la vérité. »
12:18 Et ils lui présentèrent sa tunique tachée d’un faux sang. « Non ! C’est plutôt là un coup monté de votre part. Je ne peux que faire preuve d’une belle patience, et je place ma confiance en Dieu contre ce que vous racontez. »
12:19 Et une caravane passa près du puits. Ces derniers envoyèrent leur convoyeur, qui en faisant descendre son seau le découvrit : « Bonne nouvelle ! Il y a là un garçon ! » Et ils le dissimulèrent pour le vendre comme une marchandise, et Dieu savait pertinemment ce qu’ils comptaient faire de lui.
12:20 Et ils le vendirent à un prix dérisoire, pour à peine quelques Dirhams, le considérant comme indésirable.
12:21 Et l’Egyptien qui l’acheta dit à sa femme : « Traite le bien, il se pourrait qu’il nous soit utile ou peut-être l’adopterons-nous en tant que fils. » Ainsi avons-Nous fortifié la position de Joseph sur terre et lui avons-Nous appris l’interprétation des rêves. Et Dieu accomplit toujours ses desseins. Mais la plupart des gens semblent l’ignorer !
12:22 Puis, quand il eut atteint sa maturité, Nous lui accordâmes sagesse et savoir. Ainsi récompensons-Nous les bienfaisants !
12:23 Et la maîtresse de maison tenta de le séduire. Elle ferma toutes les portes et dit : « Je suis maintenant tout à toi ». « Dieu m’en préserve ! S’indigna-t-il. C’est mon maître et il m’a toujours bien traité. Vraiment, les injustes ne réussissent pas ! »
12:24 Certes, elle était éprise de lui, et lui d’elle, et il aurait certainement succombé, s’il n’avait pas reçu de son Seigneur des gages importants. Ainsi avons-Nous éloigné de lui le mal et la turpitude. Il faisait certes partie de nos serviteurs dévoués.
12:25 Et tous deux se précipitèrent vers la porte, mais en tentant de le retenir, elle déchira sa tunique par derrière, et ils tombèrent nez à nez avec le maître de maison. Elle dit : « Quelle punition pour celui qui veut déshonorer ta famille, si ce n’est la prison ou un châtiment exemplaire ? »
12:26 Joseph répliqua : « C’est elle qui a tenté de me séduire ! » Un témoin issu de la famille de sa maîtresse intervint alors en disant : « Si sa tunique est déchirée à l’avant, c’est elle qui dit la vérité et lui qui ment,
12:27 tandis que si elle est déchirée à l’arrière, c’est elle qui ment et lui qui dit la vérité. »
Si la tunique est déchirée à l’arrière, c’est qu’il tentait de fuir, et elle de le retenir, tandis que si elle est déchirée à l’avant, c’est qu’elle tentait de le repousser, et lui de l’agresser sexuellement.
12:28 Puis, quand son mari vit que sa tunique était déchirée à l’arrière, il dit : « C’est bien là une ruse de femmes ! Les ruses des femmes peuvent parfois aller très loin ! »
12:29 « Joseph, je te prie d’oublier cet incident. Quant à toi, femme, implore le pardon de Dieu pour ton péché, car tu as bel et bien fauté. »
12:30 Et elle devint la risée des femmes de la ville : « La femme du gouverneur cherche à séduire son domestique. Elle s’est entichée de lui. Elle doit vraiment avoir perdu la tête. »
12:31 Puis, quand celle-ci eut vent de leurs moqueries, elle les invita chez elle, leur servit une collation et remit à chacune d’elles un couteau. Puis, elle commanda à Joseph : « Montre-toi devant elles ». Lorsqu’elles le virent, elles furent éblouies par sa beauté, à tel point qu’elles s’en coupèrent les mains. Elles dirent alors : « N’en déplaise à Dieu, ceci n’est pas un homme, mais un ange sublime ! »
12:32 « Voilà celui qui m’a valu vos critiques, leur dit-elle. J’ai effectivement tenté de le séduire, mais il m’a repoussée. Si par ailleurs, il persiste à me résister, je le ferai jeter en prison et il subira l’humiliation. »
12:33 Joseph dit : « Seigneur ! Je préfère la prison à ce à quoi elles m’invitent. Et si tu n’écartes pas de moi leur tentation, je finirai sans doute par y succomber, et je serai alors du nombre des ignorants. »
12:34 Son Seigneur l’exauça et écarta de lui leur tentation. Il est certes Celui qui entend et sait tout.
12:35 On jugea finalement bon de l’emprisonner pour quelque temps, bien que les preuves de son innocence se soient clairement manifestées à eux.
12:36 Et deux autres domestiques furent jetés en prison en même temps que lui. L’un d’eux dit : « J’ai rêvé que je pressais du raisin ». L’autre confia à son tour : « J’ai rêvé que je portais sur ma tête du pain et que les oiseaux venaient en manger. Donne-nous la signification de ces deux rêves. Nous voyons que tu fais partie des gens de bien. »
12:37 Il leur répondit : « Il n’y a pas un rêve que vous faites que je ne sois capable d’interpréter. Cela fait partie de ce que mon Seigneur m’a appris. J’ai abandonné la religion d’un peuple qui ne croit pas en Dieu et qui renie l’existence de l’au-delà.
12:38 Et j’ai suivi à la place la religion de mes ancêtres : Abraham, Isaac et Jacob. En effet, il ne convient à personne d’associer à Dieu qui que ce soit. Nous ne devons cela qu’à la grâce de Dieu sur nous et sur les hommes. Mais peu de gens sont reconnaissants !
12:39 Ô mes compagnons de cellule ! Est-ce que différents maîtres éparpillés valent mieux qu’un Dieu Unique, régnant en Maître Absolu ?
12:40 Vous n’adorez en dehors de Dieu que des noms que vous avez inventés, vous et vos ancêtres, et sur qui Dieu n’a fait descendre aucune preuve. Le pouvoir tout entier n’appartient qu’à Dieu. Il a prescrit de n’adorer que Lui. Voilà la vraie Religion de droiture. Mais peu d’hommes le savent !
12:41 Ô mes compagnons de cellule ! L’un d’entre vous deviendra l’échanson de son maître, tandis que l’autre sera crucifié et les oiseaux viendront manger de sa tête. L’affaire sur laquelle vous me consultez est déjà décidée. »
12:42 Et Joseph dit à celui des deux dont il pensait qu’il serait libéré : « Mentionne-moi auprès de ton maître. » Mais le Diable le lui fit oublier et Joseph demeura en prison durant encore quelques années.
12:43 Et le Roi dit : « J’ai vu en rêve sept vaches grasses dévorées par sept vaches maigres, et sept épis verts suivis de sept épis secs. Ô notables ! Interprétez-moi ce rêve si vous pensez en être capables. »
12:44 Ils répondirent : « Ce ne sont là que des bribes de rêves et nous ne sommes pas capables d’interpréter de tels rêves. »
12:45 Et celui des deux prisonniers qui eut la vie sauve se rappela enfin de Joseph. Il dit : « Moi je connais quelqu’un qui pourrait l’interpréter pour vous. Envoyez-moi m’enquérir auprès de lui. »
12:46 « Ô Joseph ! Toi qui ne dis que la vérité, pourrais-tu nous expliquer ce que signifie sept vaches grasses dévorées par sept vaches maigres, et sept épis verts suivis de sept épis secs, afin que j’en fasse retour aux gens et qu’ils puissent en connaître l’interprétation. »
12:47 Joseph lui répondit : « Vous devez semer sept années consécutives et conserver tout ce que vous aurez moissonné en épis, sauf le peu que vous consommerez.
12:48 Puis, viendront après cela sept années de famine, qui consommeront tout ce que vous aurez amassé, sauf le peu que vous aurez gardé pour semer.
12:49 Puis, viendra une année de pluies abondantes, où les gens pourront de nouveau se rendre au pressoir.
12:50 Et le Roi ordonna : « Qu’on me l’amène ! ». Mais quand l’émissaire du Roi se présenta auprès de Joseph, celui-ci lui dit : « Retourne auprès de ton maître et demande lui de s’enquérir du cas de ces femmes qui se sont coupées les mains ? Mon Seigneur compte bien exposer leurs manigances. »
12:51 Le Roi les interrogea : « On raconte que vous auriez tenté de séduire Joseph, quel est votre propos à ce sujet ? » Celles-ci répondirent : « À Dieu ne plaise, nous ne connaissons rien de mauvais contre lui ». Prise de remords, la femme du gouverneur confessa alors à son tour : « Maintenant que la vérité a refait surface, c’est moi qui ai tenté de le séduire et il dit bien la vérité. »
12:52 « Si je reviens là-dessus maintenant, dit Joseph, c’est pour que mon maître sache que je ne l’ai pas trahi en son absence et que Dieu ne guide pas la ruse des traîtres. »
12:53 Je ne m’innocente pas pour autant complétement, car l’âme est incitatrice au mal, excepté celui à qui mon Seigneur aura fait miséricorde. Mon Seigneur est, certes, Grand-Pardonneur, Très-Miséricordieux. »
Joseph reconnait cependant avoir été épris de la femme de son maître, et sans la grâce de Dieu sur lui, il aurait certainement cédé à la tentation. Il est donc quelque part fautif, car c’est lui qui a permis à cette passion de se développer entre lui et elle, alors que s’il s’était réfréné dès l’apparition des premiers sentiments, rien de tout cela ne serait arrivé.
12:54 Et le Roi dit : « Qu’on me l’amène ! Je vais le prendre directement à mon service. » Puis, quand il s’adressa à lui, il dit : « Tu occuperas désormais auprès de nous une position d’autorité et de confiance . »
12:55 Et Joseph dit : « Assigne-moi aux réserves de blé du royaume, je saurai veiller dessus et bien les gérer. »
Ce poste est un poste prestigieux et qui doit être confié à une personne de confiance, car toute l’économie de l’Egypte tourne principalement autour de l’agriculture, et les denrées agricoles servent de monnaie d’échange contre toutes sortes de marchandises. Le responsable des réserves de blé a donc entre ses mains l’économie de tout le royaume et c’est sur lui que dépend la survie alimentaire de toute la population.
12:56 Ainsi avons-Nous établi Joseph dans une position d’autorité dans le pays, et il put s’y installer où il lui plaisait. Nous atteignons de notre miséricorde qui Nous voulons. Et Nous ne perdrons rien de la récompense des bienfaisants !
12:57 Et la récompense de l’au-delà est infiniment meilleure, pour ceux qui croient et pratiquent la piété.
12:58 Et les frères de Joseph vinrent et entrèrent auprès de lui. Il les reconnut, mais eux ne le reconnurent pas.
12:59 Après leur avoir délivré leurs provisions, il leur demanda : « La prochaine fois, venez avec votre plus jeune frère, issu de votre père. Vous voyez bien que je donne la pleine mesure et que je suis un bon hôte.
12:60 Mais si vous ne me l’amenez pas, je ne vous approvisionnerai plus en blé et vous aurez interdiction de m’approcher. »
12:61 « Nous essaierons de convaincre son père, répondirent-ils. Nous ferons tout notre possible ! »
12:62 Et Joseph commanda à ses serviteurs : « Dissimulez leurs marchandises dans leur chargement, de sorte qu’ils ne s’en rendent compte qu’à leur retour. Cela augmentera les chances qu’ils reviennent. »
12:63 Puis, une fois qu’ils retournèrent auprès de leur père, ils dirent : « Ô père ! L’approvisionnement en blé nous a été interdit, envoie donc avec nous notre frère, pour que nous puissions nous approvisionner. Nous te promettons que nous veillerons sur lui ! »
12:64 « Vais-je vous le confier, comme je vous avais auparavant confié son autre frère ? Mais Dieu est le meilleur Gardien, et Il est Le plus Miséricordieux des miséricordieux. »
12:65 Puis, en déballant leur chargement, ils y trouvèrent leurs marchandises qui leur avaient été restituées. Ils dirent : « Père ! Que demander de plus ? Nos marchandises nous ont été restituées. Ainsi pourrons-nous offrir plus à nos familles. Nous veillerons sur notre frère et auront le droit à la charge d’un chameau en plus. C’est là une opération facile ! »
12:66 « Je ne l’enverrai pas avec vous, répondit Jacob, tant que vous ne m’aurez pas donné votre engagement solennel devant Dieu que vous me le ramènerez sain et sauf, à moins que vous ne soyez complétement cernés. ». Puis, quand ils lui eurent donné leur engagement, il dit : « Dieu est témoin de notre arrangement. »
12:67 Et d’ajouter cette dernière recommandation : « Mes fils ! N’entrez pas dans la ville par une même porte, mais par des portes séparées, même si cela ne vous protégera en rien contre Dieu. Toute décision n’appartient qu’à Dieu, c’est en Lui que je place ma confiance et c’est sur Lui que se reposent ceux qui recherchent un appui. »
12:68 Puis, quand ils entrèrent dans la ville conformément à la recommandation de leur père, cela ne les protégea pas pour autant contre Dieu, si ce n’est que Jacob avait besoin de se rassurer lui-même. Cela dit, il n’a fait qu’appliquer l’enseignement que Nous lui avons appris, et peu de gens peuvent se targuer d’un tel savoir.
Dieu nous apprend la sagesse et à faire les choix judicieux en chaque situation. La recommandation de Jacob n’est pas dénuée de sens, car un tel convoi important peut attirer l’attention et leur créer des problèmes. Tandis que s’ils entraient dans la ville par des portes séparées, ils passeraient alors inaperçus. Cette sagesse lui vient de Dieu, mais comme on le sait tous, malgré toutes nos précautions, au final, c’est la volonté de Dieu qui prévaut.
12:69 Et quand ils furent introduits auprès de Joseph, celui-ci prit son frère à part et lui dit : « Je suis ton frère, ne sois donc pas triste à cause de ce qu’ils ont fait. »
12:70 Puis, en préparant leur chargement, il fit placer la coupe du Roi dans le sac de son plus jeune frère. Et un homme cria en direction de leur convoi : « Vous là ! Vous êtes des voleurs ! »
12:71 Ces derniers leur répondirent, en se dirigeant vers eux : « Que recherchez-vous ? »
12:72 « Nous recherchons la coupe du Roi. Une charge de chameau à qui l’apportera, je m’en porte garant. »
12:73 Ces derniers de répliquer : « Par Dieu ! Vous savez bien que nous ne sommes pas là pour répandre le mal et que nous ne sommes pas des voleurs. »
12:74 Ils dirent : « Quelle sera donc la sanction si vous mentez ? »
12:75 « Le coupable, c’est celui dans le sac duquel on la retrouvera, dirent-ils. Celui-là devra le payer de sa personne. C’est ainsi que nous rétribuons les malfaiteurs. »
12:76 Joseph commença délibérément par leurs sacs, avant de fouiller celui de son plus jeune frère, puis, la sortit du sac de ce dernier. Tel est le stratagème que Nous inspirâmes à Joseph, car il ne pouvait retenir captif son frère selon la justice du Roi, excepté si Dieu en décide autrement. Nous élevons en degré qui Nous voulons, et au-dessus de chaque détenteur de science, il y a quelqu’un de plus savant.
Le règle en vigueur concernant le vol ne permettait pas de garder en détention le coupable, mais une autre sanction était prévue pour ce crime. En laissant les frères de Joseph décider eux-mêmes de la sanction, Dieu a permis à celui-ci de récupérer son frère sans pour autant éveiller leurs soupçons ou aller à l’encontre de la justice du Roi. Dieu est celui qui élève les hommes en rang, et Il a élevé Joseph de sorte que sa science dépasse celle de ses frères.
12:77 Ils dirent : « S’il a commis un vol, un frère à lui auparavant a volé aussi. » Mais Joseph tint sa réaction secrète et n’en laissa rien paraître. Il se dit en lui-même : « Ce que vous avez fait est bien pire, et Dieu connaît mieux ce que vous décrivez. »
12:78 « Votre éminence ! Son père est un homme âgé. Prends l’un de nous à sa place. Nous voyons en toi un homme de bien. » Le supplièrent-ils.
12:79 Joseph répondit : « Que Dieu me garde de prendre quelqu’un d’autre que celui dans les affaires duquel on a retrouvé notre bien, autrement nous commettrions une injustice. »
12:80 Puis, quand ils perdirent tout espoir de lui faire changer d’avis, ils se mirent à l’écart pour se concerter. Leur aîné dit : « Avez-vous oublié l’engagement solennel sur Dieu que nous avons pris envers notre père, sans compter que nous y avons déjà manqué auparavant avec Joseph ? En ce qui me concerne, je ne partirai pas d’ici avant que notre père ne m’y autorise ou que Dieu n’en décide autrement pour moi. Et Il est Le Meilleur des décideurs !
12:81 Retournez auprès de notre père et dites-lui : « Père ! Ton fils a commis un vol, et nous n’attestons que de ce que nous avons appris. Et nous ne pouvions prévoir un tel scénario.
12:82 Demande aux gens de la ville et aux caravaniers que nous avons croisés, et ils te confirmeront que nous disons la vérité. »
12:83 « C’est encore là un coup monté de votre part, leur répondit-il. Je dois à nouveau faire preuve d’une belle patience. Il se pourrait bien que Dieu me les rende tous les deux. Il est celui qui sait et décide tout. »
12:84 Et il s’éloigna d’eux, en disant : « Que je suis triste à cause de Joseph ! » Et ses yeux avaient blanchi, à force de pleurer et son état de santé s’était dégradé.
12:85 Ils dirent : « Par Dieu ! À force d’évoquer Joseph, tu vas finir par en tomber malade, voire par en mourir. »
12:86 Il dit : « Je ne fais que me plaindre auprès de Dieu de ma souffrance et ma tristesse, et je sais de Dieu ce que vous ne savez pas.
12:87 Mes fils ! Partez et enquérez-vous de Joseph et de son frère. Et ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car seuls ceux qui ne croient pas désespèrent de sa miséricorde. »
12:88 Puis, lorsqu’ils s’introduisirent auprès de Joseph, ils dirent : « Votre Éminence ! Nous avons été frappés de malheur, nous et nos familles, et nous venons avec une marchandise de piètre qualité. Accorde nous la pleine mesure et fais preuve de charité envers nous. Dieu récompense les âmes charitables ! »
12:89 « Vous réalisez maintenant ce que vous avez fait à Joseph et à son frère, du temps où vous étiez encore des ignorants ? » leur demanda-il.
12:90 « Est-ce toi, Joseph ? » s’étonnèrent-ils. « Oui ! c’est bien moi, Joseph, leur répondit-il, et voici mon frère. Dieu a été d’une extrême bonté avec nous. Quiconque craint Dieu et fait preuve d’endurance, alors Dieu ne perd rien de la récompense des bienfaisants. »
12:91 Ils dirent : « Par Dieu, Dieu t’a effectivement préféré à nous, et nous étions dans l’erreur. »
12:92 « Aujourd’hui, je ne vous fais pas de reproches, leur dit-il, magnanime. Que Dieu vous pardonne ! Il est, certes, Le plus Miséricordieux des miséricordieux.
Cette histoire nous rappelle qu’il existe toujours des conflits au sein des fratries, et que le mieux est de pardonner et de bien agir. Car, Dieu ne perd rien de la récompense des bienfaisants, et parce que, dans sa miséricorde, Il peut guider et pardonner même ceux que l’on pensait être des cas désespérés.
12:93 Partez avec ma tunique que voici, et appliquez-là sur le visage de mon père, et il recouvrera la vue. Et revenez avec l’ensemble de votre famille. »
12:94 Et quand leur convoi fut à portée de vue, leur père dit : « J’ai comme l’impression de sentir l’odeur de Joseph, mais vous allez encore dire que je radote ! »
12:95 Ils répondirent : « Par Dieu ! Tu reviens à ton ancien égarement. »
12:96 Puis, quand le rapporteur de la bonne nouvelle arriva, il appliqua la tunique sur son visage et celui-ci recouvra la vue. Et Jacob dit : « Je vous avais bien dit que je sais de Dieu ce que vous ne savez pas. »
Jacob avait certainement fait un rêve où il voyait que son fils, Joseph, allait lui être retourné, mais il le tint secret afin que ses fils n’élaborent pas un nouveau stratagème pour l’empêcher de revenir.
12:97 Ils dirent : « Père ! Implore Dieu de pardonner nos pêchés, nous étions vraiment dans l’erreur. »
12:98 Il dit : « J’implorerai pour vous le pardon de mon Seigneur. C’est bien Lui le Grand-Pardonneur, le Très-Miséricordieux. »
12:99 Puis, quand ils furent introduits auprès de Joseph, celui-ci alla au-devant de ses parents et les accueillit par ses mots : « Bienvenue en Egypte ! Si Dieu le veut, vous y serez en sécurité. »
Les Israélites n’étaient à cette époque pas les bienvenues en Egypte, mais le Roi autorisa Joseph et sa famille à s’y installer, en récompense pour ses bons et loyaux services.
12:100 Et il fit monter ses parents sur le trône, et ils tombèrent tous prosternés à ses pieds. Il dit alors : « Père, voici donc l’interprétation du rêve que j’ai eu auparavant. Dieu l’a enfin réalisé. Il a été extrêmement bon avec moi, en me faisant sortir de prison et en vous faisant traverser le désert pour venir me rejoindre, après que le Diable ait semé la discorde entre moi et mes frères. Assurément, mon Seigneur est plein de douceur envers qui Il veut. Il est Celui qui sait et décide tout.
12:101 Seigneur ! Tu m’as donné la puissance et m’as appris l’interprétation des rêves. Créateur des Cieux et de la terre, Tu es mon Maître, dans ce monde comme dans l’au-delà. Fais-moi mourir en étant soumis et fais-moi rejoindre les gens de bien. »
12:102 Ce que Nous t’avons révélé là est de l’ordre de l’Inconnaissable, et tu n’étais certainement pas présent à leurs côtés, lorsqu’ils élaborèrent leur plan et le mirent à exécution.
12:103 Mais la plupart de gens ne croiront pas, malgré tous tes efforts dans ce sens.
Le récit de Joseph, tel qu’il a été révélé par Dieu au prophète Muhammad, relève de l’inconnu. Car, il comporte des détails inédits qui ne sont présents nulle part, pas même dans le récit de Joseph contenu dans la Torah. Cela montre que le Coran n’est pas un simple plagiat comme le disent les ignorants, mais qu’il a bel et bien été révélé par Dieu. Ceux qui connaissent bien la Torah ne peuvent que s’émerveiller de ce récit, et être convaincus que le Coran émane de Dieu, mais peu de gens sont enclins à croire.
12:104 Tu ne leur demandes aucun salaire pour cela. Ce n’est là qu’un Rappel adressé au monde entier.
12:105 Que de signes dans les cieux et sur la terre ! Mais les gens passent à côté sans y prêter attention.
12:106 Et la plupart d’entre eux ne croient en Dieu, qu’en Lui donnant des associés.
12:107 Se croient-ils donc à l’abri, que le châtiment de Dieu ne les enveloppe ou que l’Heure ne leur vienne soudainement, sans qu’ils ne l’anticipent ?
La plupart des gens des religions croient certes en Dieu, mais Lui donnent des associés, comme Jésus, Muhammad, Ali, les apôtres, ou les saints. Pourtant, il leur a été strictement interdit de donner des associés à Dieu. Car, leurs associés ne sont que de simples créatures de Dieu, qui ne peuvent ni exaucer les prières ni intercéder en leur faveur, et qui ne connaissent même pas le sort qui leur sera réservé. Les vrais croyants sont ceux qui suivent la religion pure monothéiste d’Abraham. Mais cela, peu de gens sont enclins à le faire, car ils préfèrent plutôt perpétuer les croyances de leurs ancêtres.
12:108 Dis : « Voici ma voie : c’est d’appeler à Dieu. Moi et ceux qui me suivent nous basons sur des preuves solides. Et par la grâce de Dieu, je ne suis pas un idolâtre. »
12:109 Et avant toi, Nous n’avons envoyé que des hommes, issu des habitants des cités, à qui Nous faisions la révélation. Ne sillonnent-ils pas la terre pour voir quelle a été l’issue de ceux qui les ont précédés ? Et assurément, la demeure de l’au-delà est bien meilleure pour ceux qui pratiquent la piété. Ne raisonnez-vous donc pas ?
12:110 Puis, quand nos messagers perdront tout espoir et penseront avoir été démentis, c’est à ce moment-là que notre secours viendra à eux. Et Nous sauverons alors qui Nous voudrons, et rien ne pourra détourner notre rigueur des criminels.
12:111 Il y a, pour les doués d’intelligence, un enseignement à retenir dans le récit de Jacob et de ses fils. Et un tel récit ne saurait avoir été inventé, mais ce n’est là qu’une réaffirmation des Écritures précédentes, un exposé détaillé de toutes choses, une guidée et une miséricorde pour des gens qui croient.
Ma voie consiste à appeler à Dieu, et je remercie Dieu de ne pas avoir fait de moi un idolâtre. Quand tout espoir sera perdu et que le doute pénétrera le cœur du messager que je suis et des croyants, le secours de Dieu viendra alors, et Dieu sauvera qui Il voudra et châtiera qui Il voudra. Pour ceux qui sont sur la guidée de Dieu, les preuves ne manquent pas, quant aux autres, celui que Dieu a aveuglé du fait de son injustice ne peut pas voir.